Quelques arbustes pour un jardin sec méditerranéen

La photographie en haut de cette page montre un jardin conçu par Jean Mus avec des topiaires d'arbustes résistants à la sécheresse (Photo : Jean Mus)

Les arbustes qui se passent d’arrosage en été une fois arrivés à maturité (au bout de trois ou quatre ans, généralement) fournissent l’ossature des jardins secs méditerranéens.

Les plantes citées ci-dessous poussent dans l’ensemble du pourtour de la Méditerranée, ce sont les fidèles alliées du jardinier qui peut compter sur elles en été. On peut se les procurer facilement ; mais pour piquer votre curiosité, nous avons inclus en fin de liste deux plantes qu’il vous faudra sans doute faire pousser de graine.

Notez bien toutefois que, afin de permettre à ces plantes de survivre sans arrosage une fois établies, les conditions suivantes doivent être réunies :

• Choisissez, c’est essentiel, des plantes bien racinées dans des pots de petites dimensions, dont le volume racinaire sera idéalement le double de leur partie aérienne. Ne vous laissez pas tenter par de grands spécimens en fleurs car ils ne s’établiront pas aussi facilement et ne développeront pas leurs capacités de résistance à la sécheresse.
• Plantez ces arbustes soigneusement dans un sol capable de retenir l’humidité mais bien drainé, à l’automne, pour garantir un bon développement des racines ; sans une bonne croissance des racines les plantes ne pourront survivre sans apport d’eau en été. Planter en automne permet aux plantes de profiter des pluies d’hiver.
• « Entraînez » les plantes à vivre sans apport d’eau. Créez un bassin d’arrosage autour de la plante pour diriger l’eau vers les racines. Donnez 8 à 10 litres d’eau une fois par quinzaine la première année à des plantes achetées dans des pots de 2 ou 3 litres ; les sujets plus grands (pots de 5 à 10 litres) auront besoin d’un peu plus d’eau. Pendant les années suivantes, espacez vos arrosages de sorte que dès la quatrième année la plante survive sans arrosage.

Les plantes suivantes ont été testées dans le jardin de la MGS à Sparoza, en Grèce, et y ont supporté sans problème les dures conditions (sol rocailleux et pauvre, températures élevées en été, 3 à 4 mois de sécheresse estivale, forts vents desséchants en été) sans irrigation.

Lavandula dentata
Voici sans doute la plus résistante des nombreuses lavandes capables de pousser dans un jardin économe en eau. Ses feuilles gris-vert sont dentelées et ses épis denses de fleurs mauves apparaissent de la fin de l’automne au milieu de l’été. Elle ne tolère pas les températures au-dessous de zéro. Vous la trouverez facilement en pépinières.

Les lavandes, comme les cistes, vivent plus longtemps si elles ne reçoivent pas d’eau en été. Par contre, occasionnellement un arrosage profond aide L. dentata à refleurir, et une situation ombragée une partie de la journée aide la plante à passer les mois les plus chauds de l’année.

Medicago arborea
La luzerne arborescente est un grand arbuste qui peut atteindre un à deux mètres de haut ; ses feuilles en forme de trèfle sont d’une teinte gris vert et ses fleurs d’un jaune orangé se transforment en petits disques plats qui sont les fruits. Elle se contente de survivre sans une seule goutte d’eau une fois établie ; mais dans ce cas, elle perd toutes ses feuilles en été puis reverdit avec les premières pluies d’automne. Si elle reçoit de temps à autre un bon arrosage, elle garde ses feuilles en été. Dans toutes les bonnes pépinières.

Nerium oleander
Les lauriers-roses se présentent de toutes les couleurs, depuis le rouge foncé ou le rose vif jusqu’au blanc, en passant par le jaune pâle et les teintes abricot et pêche.

Certains sont odoriférants ; d’autres ont des fleurs doubles ou semi-doubles. Ils peuvent former de grands buissons ou être montés en arbre qui peuvent atteindre trois mètres ou plus. On peut aussi les cultiver dans de grands pots. Une fois établis, ils passeront l’été sans une goutte d’eau dans la plupart des jardins, mais ils souffrent de la chaleur extrême en sol pauvre et peu profond. Dans la nature ils poussent dans les lits des oueds desséchés où, même en été, il reste un peu d’humidité sous-jacente. Quoiqu’un laurier-rose bien établi puisse rester vert et sain sans apport d’eau, un arrosage allongera sa période de floraison pendant l’été. A l’inverse de la plupart des arbustes méditerranéens, le laurier-rose accepte de survivre dans un sol pauvrement drainé.

Les lauriers-roses détestent avoir leur feuillage mouillé régulièrement en été par un arrosage automatique, et répondent souvent en réagissant par des chancres sur le tronc et les branches. Dans toutes les bonnes pépinières.

Phlomis fruticosa
Ce phlomis parfois appelé sauge de Jérusalem n’est pas une sauge et n’est pas aromatique, mais c’est une plante typiquement méditerranéenne qui formera un gros arbuste de près d’un mètre et demi de hauteur, dont le feuillage vert gris est légèrement duveteux. Au printemps des verticilles de fleurs jaunes d’or apparaissent étagés sur ses tiges. Il survivra à l’été sans aucun arrosage, mais si la période de sécheresse se prolonge, il paraîtra fatigué et stressé jusqu’à ce que les pluies d’automne le ressuscite. P. fruticosa modifie son apparence pour résister à la sécheresse, ses feuilles se tordent et se dressent pour protéger leur surface de l’ardeur du soleil, il semble moins gros. Dans toutes les bonnes pépinières.

Il existe de nombreuses variétés de phlomis, la plupart ont des fleurs jaunes comme P. fruticosa. Le sous-arbrisseau P. italica, par contre, fleurit rose et ses feuilles d’un gris poussiéreux se dressent verticalement au plus fort de l’été.

Chez les pépiniéristes spécialisés.

Pistacia lentiscus
Le lentisque, que l’on trouve dans toute la Méditerranée, résiste à tous les assauts de la chaleur et de la sécheresse sans rien perdre de sa superbe : c’est un excellent allié des jardiniers économes en eau car il reste d’un vert frais et pimpant durant tout l’été sans aucun arrosage. À l’automne, les pieds femelles produisent des baies rouges qui virent au noir en mûrissant. Le lentisque se taille comme le buis. Les spécimens les plus âgés peuvent devenir des sortes de petits arbres si l’on coupe les branches basses.

Le lentisque est de pousse lente au début, puis il grandit plus vite passées les premières années. Il n’est pas aussi facile à trouver en pépinières classiques mais on le trouve chez les pépiniéristes spécialisés.

Les pistachiers lentisques de l’île grecque de Chio furent et sont encore renommés pour la résine qu’ils produisent – le mastic. Cette forme primitive de chewing-gum était tellement appréciée au harem du Sultan d’Istamboul que la récolte complète de cette résine de l’île était entièrement réservée à ces dames.

Pittosporum tobira
Cet arbuste sans problème, natif de Chine et du Japon, a des feuilles vertes vernissées et des sommités fleuries d’un blanc crème au printemps qui tournent à un jaune parcheminé en fanant, et d’une délicieuse odeur rappelant la fleur d’oranger. Une fois établi, il n’a plus besoin d’eau.

On peut le conduire en sujet isolé ou bien l’employer dans des haies ; les spécimens les plus âgés peuvent monter à plus de trois mètres et prendre la forme d’un dôme merveilleusement régulier sur un tronc nu. Cet arbuste préfère la mi-ombre car le plein soleil peut lui brûler les feuilles. Dans toutes les bonnes pépinières.

Plumbago auriculata
Il est tellement connu dans toute la Méditerranée qu’on oublie qu’il est originaire d’Afrique du Sud. Il forme un grand arbuste envahissant qui n’a nul besoin d’irrigation une fois établi. Il se flétrira un peu à midi en été quand il ne reçoit pas d’eau mais il se requinque dans la soirée. Les fleurs d’un bleu pâle qu’il produit tout l’été contrastent bien avec le vert vif du feuillage. Une variété à fleurs blanches existe aussi, ainsi que d’autres à fleurs d’un bleu plus soutenu. S’il est brûlé par le gel, il repart généralement de souche. On peut le cultiver en pot, mais il exige alors un arrosage régulier.

Plantez vos plumbagos loin du passage ; les fleurs fanées s’accrochent aux vêtements comme des teignes. Dans toutes les bonnes pépinières.

Rosmarinus officinalis
Le romarin, cet aromate largement utilisé en cuisine, avec ses feuilles odoriférantes, persistantes, fines et coriaces et ses fleurs d’un bleu-mauve pâle, est natif de Méditerranée et par conséquent bien adapté à la chaleur et à la sécheresse. Il forme un solide arbuste de taille moyenne. Certaines variétés existent avec des fleurs d’une teinte plus foncée (ou parfois blanc ou rose). Les formes rampantes, qui appartiennent au groupe des R. officinalis prostrés, peuvent servir de couvresol ou être plantés en haut d’un mur et retomber en cascade.

Les romarins préfèrent les sols caillouteux, pauvres et bien drainés. Dans toutes les bonnes pépinières.

Teucrium fruticans
La germandrée arbustive est une plante adaptable au feuillage gris argenté et aux fleurettes mauve pâle. Une fois bien établie, elle tolère la sécheresse ; toutefois en période de canicule, elle appréciera un ou deux arrosages massifs en cours d’été ; par contre sans arrosage, elle perdra presque toutes ses feuilles. Cette germandrée réagit bien aux tailles en boules ou en haies. La variété T. fruticans ‘Azureum’ a des fleurs d’un bleu plus soutenu. Dans toutes les bonnes pépinières.

Viburnum tinus
Le laurier-tin est un arbuste solide et peu exigeant capable de passer l’été sans apport d’eau. Il peut atteindre jusqu’à trois mètres de haut et deux mètres et demi de large. Ses feuilles à la surface rêche et coriace sont en face intérieure d’une couleur plus tendre ; au printemps les tiges nouvelles sont d’un vert plus clair et légèrement duveteux. Il produit des cymes plates de fleurs blanches en fin d’hiver et au printemps ; viennent ensuite les baies qui tournent au noir en mûrissant et sont fort appréciées des oiseaux. V. tinus peut être taillé en haie ou en topiaire. Il a tendance à se ressemer tout seul. Dans toutes les bonnes pépinières.

Cneorum tricoccon
Ce joli sous-arbrisseau à feuilles persistantes, une fois mature, gardera son manteau vert tout l’été sans aucun arrosage. Il est originaire de la partie occidentale de la Méditerranée. Il atteint 60 cm, avec de petites feuilles coriaces d’un vert mat. Au printemps, de minuscules fleurs jaunes apparaissent, arrangées en groupes de trois, suivies par des baies rouge vif qui virent au noir à maturité. Les feuilles se redressent à la verticale en été. On peut faire pousser C. tricoccon à partir de graines que les membres de la MGS peuvent se procurer auprès de la Banque de graines de la MGS.

Eriocephalus africanus
Comme son nom l’indique, cet arbrisseau est natif d’Afrique du Sud. Il atteint un mètre de hauteur et de large. Il a de toutes petites feuilles gris-vert et offre au printemps des sommités fleuries blanches de toute beauté. Il ne tolère pas les fortes gelées. Dans la plupart des jardins, il résiste à la sécheresse une fois établi, mais dans des conditions difficiles, il bénéficiera d’un ou deux arrosages massifs en cours d’été. E. africanus peut venir de graines que les membres de la MGS peuvent se procurer auprès de la Banque de graines de la MGS.

Photographies par Yvonne Barton ou de Wikipedia

 

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