Société des jardins méditerranéens
Mediterranean Garden Society
Musardons parmi les thyms
par Julie-Amadea Pluriel
La photographie en haut de cette page montre le parc naturel régional des Alpilles, situé au cœur de la Provence, entre Luberon et Camargue (Photo GEO.fr)
L’étendue qui s’offre à nos yeux est un grand ciel clair, lavé par le mistral, aux franges dessinées par la roche saillante des Alpilles. Sur ce massif qui barre la vallée du Rhône, se heurte de plein fouet le vent débridé venu du nord. Un tapis ras recouvre la roche comme une cape d’un vert tantôt gris, tantôt sombre. Les teintes végétales sont ternes, la lumière n’a rien ici à faire briller, si ce n’est les floraisons hivernales. Celle du romarin, blanche, mauve ou bleutée, ou celle, jaune d’or, de l’ajonc. Aucune flaque d’eau dans laquelle le soleil pourrait scintiller, car chaque goutte chute inexorablement dans les failles de la roche. C’est l’hiver et la garrigue se repose de l’épuisement estival que lui inflige le soleil. Certaines en profitent pour fleurir, comme les masses compactes et buissonnantes du Globularia alypum qui porte une multitude de fleurs aux calices argentés, comme autant de minuscules soleils bleus.
Le paysage embrassé d’un coup d’œil rapide peut sembler d’une grande monotonie végétale, si l’on s’en tient à l’effet visuel qui domine : plantes buissonnantes, compactes ou prostrées où émerge rarement un arbre, et dont la gamme chromatique se lisse par la similitude des valeurs : si l’on plisse les yeux, tout se fond dans un gris homogène où l’on ne distingue plus rien. En revanche, lorsque la roche est gris pâle, beige ou jaunâtre, elle est lumineuse et se détache violemment du couvert végétal, par un contraste tranchant.
Mais l’œil nous induit en erreur, et c’est peut-être grâce à son nez que le visiteur aura l’intuition de la richesse biologique du lieu. Car du sol squelettique qui chauffe sous le soleil d’hiver émanent, mêlés, les parfums de la garrigue. Ici ou là, on écrase un thym qui nous jette son cri olfactif, on effleure une rue qui nous colle pour les heures à venir son odeur étrange faite d’amertume et de musc. Ailleurs, c’est le genévrier qui livre son arôme épicé à qui goûte ses baies.
Nous croyons marcher dans un jardin. Et parmi les plantes sauvages, quelques reliquats ou échappées des cultures se laissent surprendre. Dans une friche armée en fond de vallon, faite de ronces et d'églantiers, de gros fruits rouge-orangés attirent sensiblement l’œil : voilà un grenadier de garrigue, impromptu et majestueux. Ailleurs, les voiles gris de feuillages légers ne font aucun doute : voici des rejets d’oliviers, chamarrés de leurs fruits noirs et fripés. Le bois d'un gris mat et lisse des figuiers ajoute à la sobriété de ce paysage méditerranéen surpris en plein hiver.
Les discrètes en cette saison se laissent apercevoir par une trace seulement : les œillets dont il ne reste qu’une inflorescence sèche, les limbes pointus des feuilles d’iris nain, les bulbes et les rosettes de feuilles des bisannuelles au repos. On surprend aussi de libres voyageuses ayant ont atterrit là, comme c'est le cas du séneçon du cap.
Sur les faces nord du massif, au pied des falaises, la végétation est d’un vert bien plus luxuriant, signant la présence d'un sol plus profond et d’un écosystème humide. Fougères, buis, viornes, asperges sauvages y poussent à volonté et forment des tunnels de végétation dans lesquels l'homme de passage s'engouffre un jour pour tracer sa route, et l'animal se dissimule tous les jours.
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